Un ancien mobile à balancier en fer polychrome
un mobile en tôle : pour découvrir son histoire
parfois de petites découvertes peuvent nous apprendre des foules de choses totalement inattendues, ici nous en avons un peur exemple ...Un objet plus que surprenant et, surtout, qui a une HISTOIRE !!!
A première vue, rien de particulier, rien d'étrange au sujet de cet objet qui ressemble à de nombreux mobiles, en fer, en fer forgé ou autres ...On voit très bien à la manière dont il a été réalisé qu'il s'agit d'un mobile, à balancier, relativement ancien.
La peinture est craquelée par l'âge, le contre-poids est très lourd, en fonte ou en plomb, et l'ensemble est découpé, de manière artisanale dans une plaque de fer ou d'acier, puis peint par la suite.
On pourrait donc, sans chercher plus loin, le classer comme " Ancien mobile - Art Populaire - Alsace - Bascule - Contre-poids - Balancelle ou Balançoire ", les deux personnages étant typiquement alsaciens.
Mais ... NON, ce n'est pas suffisant, il faut fouiner bien plus loin !!!
La véritable origine de ce mobile : Ancien jouet mobile en fer appelé " scieur " ou " zagemannetje ".
En lançant une recherche d'images et en fouinant dans les fins fonds d'Internet, un extrait de presse me met de suite la puce à l'oreille:" Merci d’avoir rappelé à mon souvenir le " soyeu " qui était posé à proximité du comptoir du café de mes parents.
Avant 1900, mes arrière-grands-parents tenaient un Estaminet ouvrier dans la rue de BLANCHEMAILLE A ROUBAIX.
Mes grands-parents vinrent au début du siècle s’installer au café des Beaux-Arts, rue de la gare, face à la place Chevreul (avenue Jean Lebas, place des Martyrs).
Mes parents prirent la succession au début des années Trente. La salle du café était aussi le lieu de vie de la famille.
Le «décor » en reste gravé dans ma mémoire : un long Comptoir de bois sur lequel était posé un verrier de deux étages. Deux pompes à bière sur ce comptoir dont il Fallait astiquer presque quotidiennement la barre de cuivre.
De part et d’autre du comptoir, à hauteur d’homme, un « bec de gaz » terminé par un manchon lui-même protégé par un verre, rappelait que l’éclairage électrique avait eu un prédécesseur.
A la fin des années quarante, j’ai encore vu, de temps en temps l’éclairage au gaz remplacer l’électricité défaillante.
Sur les becs de gaz étaient accroches de petits trophées gagnes dans les baraques de tir à la foire.
... Et, sur l’un de ces becs, un " soyeu " patientait. En fait il s’agit d’un " Scieur ". ( Un soyeu est le mot en patois; on dit ' un soyeu ',en roubaisien )
Un soyeu c'est un casse-pieds, une personne pénible surtout par ses bavardages !
L'objet, c’était un personnage d’une quarantaine de centimètres découpé dans une plaque de métal et représentant un profil . Il portait casquette et vêtements peints, très colorés.
Sa main tenait une scie, à l’honrizontale. La jambe du Soyeu était prolongée d’une longue tige de métal terminé par un contrepoids cylindrique. Le pied du Soyeu était formé de pointes qui lui permettaient de tenir en équilibre sur une barre du bec de gaz.
Chez noius, il n'était pas question de fermer trop tard !!!
Mes parents accueillaient une clientèle d’habitués, pas question de fermer tard !
( D’ailleurs les horaires des débits de boisson étaient Réglementés ). Mais parfois un " trainard " s’éternisait un peu trop au goût de mon papa, qui, avec doigté et discrétion, lançait le soyeu d'une pichenette sur le contrepoids ..
Et le soyeu était parti pour de longues oscillations.
Inévitablement il accrochait le regard du retardataire : " Cha va, Désiré, j’ai compris ".
De même, tout nouvel arrivant traduisait la situation par un : " Ah, l’soyeu y est inroute… ».
Ainsi, l’heure de fermeture restait donc raisonnable et sans esclande ... "
( Souvenirs du " soyeu ", tiré du journal NORD-ECLAIR du 5/6 /11/2000 )
( Musée du terroir Villeneuve d’Ascq / Art action APCR /Jacques Mèssiant / Souvenir de Soyeu / Maes Léon 1898/1956 )
Une autre version quasi similaire de l'origine de cet objet.
En Flandres, en région flamande ou en hollande, en général, le nom est celui du ou des personnages représentés et qui souvent font écho à une comptine...A Bruxelles, par exemple, celui-ci s'appelle "zagemannetje" ( le petit homme qui scie ) … quand un client de bistrot devenait trop "sciant", le patron mettait le "zagemannetje" sur le bord du comptoir et le faisait se balancer ...
Dénomination et description exactes de ce mobile en fer peint à la main.
C'est ce que l'on peut donc réussir à faire bien plus précisément après avoir eu toutes ces précisions ...1 - Jouet ancien en tôle de fer polychrome, des années 1900 / 1930, à bascule, constituant un très bel objet de collection et de décoration.
2 - Une réalisation d'Art Populaire, très probablement alsacienne à la vue des personnages représentés.
3 - Il s'agit en fait d'un objet ayant eu une réelle "utilité" à son époque; Suivant le musée du terroir de Villeneuve-d'Ascq, c'est, à l'origine, un petit personnage muni d’une scie que la patronne de l’établissement plaçait devant le consommateur " Casse-pieds " qui se balançait alors sous un effet de balancier afin de signifier qu’il était temps de payer son verre et d’aller voir ailleurs …
4 - Le nom donné à ce genre d'objet, très populaire au début du XXème siècle était " Scieur ", " soyeu " ( en patois du Nord ), " zagemannetje ", principalement à Bruxelles, mais aussi dans toute la région flamande ( " zagemannetje " = scieur en néerlandais ).
5 - Et celui que nous vous présentons aujourd'hui:
mesure 32 x 24 x 14 cm, pour un poids de 1,2 kilos
enjoy :)
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